vendredi 2 mars 2018

Boris Skossyreff, roi d'Andorre

Vous connaissez sans doute la Principauté d'Andorre et vous vous dites
" Que nous raconte-t-il avec  son Royaume d'Andorre ?"

D'abord resituons nous.


Andorre est un territoire de 468 km2 situé dans les Pyrénées, entre la France et l'Espagne.

Depuis 780, la souveraineté de ce territoire est partagée entre l' Evêque d'Urgell, en Catalogne, et le Chef de l'Etat Français (rois, empereurs puis présidents), successeurs et héritiers des Comtes de Foix.


En 1982, une nouvelle constitution est élaborée et ratifiée en 1993 par référendum : la principauté se gouvernera directement au lieu d'être soumise à une sorte de co-protectorat de deux préfets, système générateur de stagnation et de conservatisme.

En 1934, un aventurier extraordinaire fait parler de lui dans la Principauté.


Boris Mikhailovitch Skossyreff-Mavrussov, né le 12 mai 1896 à Vilnius (Empire Russe à l'époque, Lituanie aujourd'hui) fuit le Révolution Russe en 1917 et se réfugie au Royaume-Uni où il obtient un passeport Nanssen pour les réfugiés.
Il y débute une carrière de diplomate et d'espion avant de partir pour les Pays-Bas où la Reine Wilhelmine lui confère le titre de Comte d'Orange.

Il quitte le pays après des démélés sentimentaux compliqués, est expulsé d'Espagne - de Majorque plus précisément - pour troubles à l'ordre public.

Il arrive en mai 1934 à Andorre.
Il propose au Conseil général des Vallées - l'Assemblée locale - de se séparer de ses tuteurs.
Il prétend que le véritable héritier des Comtes de Foix est le Duc de Guise et que les français exercent une autorité indue sur le territoire.
Il fait miroiter une évolution du pays vers un paradis fiscal à l'image du Lichtenstein autour d'un casino comme à Monaco.
Le pays, pauvre et isolé, se laisse séduire et la population accueille plutôt favorablement la proclamation par Skossyreff, le 6 juillet 1934, du Royaume d'Andorre dont il devient le souverain sous la nom de Boris Ier.
Un nouveau drapeau est hissé.
Le Conseil ratifie le nouveau régime à l'unanimité moins une voix.


Mais cette voix dissidente va peser lourd.
Le député Cinto va en effet contacter l'Evêque d'Urgell qui alerte le Président Français.
Le 14 juillet 1934, le roi Boris est destitué et une escouade de la Guardia Civil arrête le souverain.
transféré à Madrid puis Barcelone, il est finalement exilé au Portugal.

En 1935, il quitte le Portugal pour Gênes puis Marseille.
Arrêté puis emprisonné, il est à nouveau expulsé.
on le retrouve en Espagne pendant la Guerre Civile puis, de nouveau arrêté, il est en prison à la déclaration de la Seconde Guerre Mondiale.
Libéré en 1942 pour semble-t-il servir d'interprète pour les nazis sur le front est.

On n'a pas de certitudes quant à la fin de sa vie.
Il aurait été encore arrêté à Berlin et incarcéré à la fin de la guerre, et se serait installé en Allemagne où, fait prisonnier par les troupes soviétiques, il aurait été condamné  à 25 ans de travaux forcés et expédié en Sibérie.
Libéré en 1956, il serait retourné à Boppard en Allemagne où il serait mort en 1989.

Incroyable aventurier, Boris Skossyreff mériterait un biopic cinématographique, tant pour son épopée politico-militaire que ses frasques sentimentaux.

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