mardi 30 mai 2017

BigFlo & Oli, rappeurs littéraires

Vous l'aurez peut être remarqué, je ne suis pas vraiment un fan de rap.
Ce style musical véhicule à mes yeux des valeurs qui me sont étrangères et des messages que je combats car incompatible avec la démocratie et le fameux "vivre ensemble".

Et pourtant !
Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler d'un duo qui m'a fait éprouver un choc culturel comme j'en ai peu rencontré ces dernières années.

BigFlo, c'est à l'état civil Florian José Ordonez. Il a vu le jour à Toulouse le 22 janvier 1993.
Oli, c'est son jeune frère, Olivio, lui aussi toulousain, depuis le 19 avril 1996.

Nés d'un père argentin et d'une mère algérienne, les deux frangins, une fois bacheliers (S pour l'aîné, ES pour le cadet) se lancent dans le rap, musique de leur génération.

Si BigFlo jour de la batterie et du piano depuis qu'il a 13 ans, Oli apprend la trompette. C'est lui l'architecte des musiques et tous les deux tiennent la plume quant aux textes.

Ils publient leur premier titre sur Youtube en 2005.
Le succès est limité mais participants à des battles de hip hop dans leur région, ils finissent par se faire remarquer par des groupes réputés.
Ils assurent les premières parties de caïds comme IAM, Sexion d'Assaut, ou La Rumeur ainsi que d'artistes solos comme Cali ou Orelsan.

C'est ce dernier qui pilote leur deuxième clip, "Pourquoi pas nous", en 2012.
Ils sont signés par Polydor l'année suivante et publient un EP en 2014.

Parmi les titres, cet énorme, "Monsieur Tout le Monde" :


Et oui, c'est ça la marque de BigFlo et Oli : ils ne se contentent pas de chouiner la misère de la téci, de brosser le portrait d'un ghetto fantasmé ! Ils rappent en hauteur si je peux me permettre ! Ils parlent des autres aussi et avec une acuité et une intelligence rares.

Oh, bien sûr, dans leur premier album, "La Cour des Grands", ils racontent aussi leurs espoirs et leur quotidien de post ados comme dans le souriant
" Comme d'hab" :


ou cette profession de foi, "Début d'Empire"


BigFlo et Oli ne sont pas des "gangstas", ce sont des sociologues chantants comme avec ce pertinent
"Jeunesse Influençable"


Mais la perle, le joyaux, le chef d'oeuvre de leur jeune répertoire, c'est "Je suis".
Suite de portraits des différentes catégories de français brossés en un quatrain chacun, construit comme un kaléïdoscope, littérairement très brillant, ce texte est un tableau social et politique peint avec les pinceaux de la poésie la plus travaillée.
La preuve :


En conclusion, je ne dirai pas "Vive le rap!" mais à coup sûr "Vive BigFlo et Oli !" !
Et longue, très longue carrière !

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