dimanche 13 septembre 2015

La Duchesse d'Uzès


Evoquer l'histoire de l'automobile entraîne rarement le souvenir de Anne de Rochechouart de Mortemart. Et pourtant...

Cette aristocrate de haute lignée est née le 10 février 1847 à Paris et décédée le 3 février 1933 au Château de Dampierre.

De par son mariage en 1867, elle devient Duchesse d'Uzès.

Persuadée depuis toujours que la femme se doit d'être indépendante et de pouvoir mener une existence autonome, Anne se passionne pour la politique.
Militante orléaniste, elle se rallie au Général Boulanger dans sa tentative de subversion de la IIIè République.

En dépit de cet échec, elle ne renonce pas à ses idéaux d'émancipation.

La naissance de l'automobile va lui fournir un nouveau cheval de bataille.
Le 12 mai 1898, elle devient une des toutes premières femmes - si ce n'est LA première- à se prévaloir d'un certificat de capacité de conduire les véhicules à moteurs.


Elle est aussi passée à la postérité pour avoir écopé du premier procès verbal pour excès de vitesse, le 7 juillet 1898, au volant de sa Delahaye, au Bois de Boulogne à Paris (elle faisait du 15km/h pour une limitation de...12km/h !).


En 1926, devant le refus réitéré de l'Automobile Club de France d'admettre des femmes en son sein, elle fonde l'Automobile Club Féminin dont elle assume la présidence jusqu'à sa mort.

Convaincue que la noblesse était sur Terre pour servir et être utile à sa Patrie, elle n'en délaissa pas pour autant les Beaux-Arts.

Sous le pseudonyme de Manuela, elle réalisa plusieurs sculptures monumentales qui reçurent un accueil critique favorable :






C'est également sous ce nom d'emprunt qu'elle signa deux romans, un récit de voyage en hommage à son fils aîné mort lors d'une expédition au Congo, une pièce de théâtre et deux recueils de poèmes.
Certains furent même mis en musique par des compositeurs à la mode au début du XXè siècle.


Rêver

Rêver, c'est écouter une douceur perfide
Qui, dans l'âme, souvent, verse un espoir banni
C'est ne désirer rien et pourtant être avide
De quelqu'amour indéfini.

Rêver, c'est s'engourdir d'une extatique ivresse
Qui berce doucement le coeur endolori
Sans qu'une main vous touche, en sentir la caresse
Ou croire qu'un espoir perdu vous a souri
C'est s'envoler sans aile au travers des espaces
Réviser en même temps tout un heureux passé
Courir dans l'avenir sans y trouver de traces
Mais c'est surtout, au coeur, le présent effacé.

Faut-il se réjouir de cet état qui leurre
Chercher à prolonger ou raccourcir cette heure ?
Ah! Qu'importe, le rêve est toujours caressant
Et fait croire au bonheur, cet éternel absent !


Moins glorieuse pour nos sensibilités d'aujourd'hui, fut sans doute sa passion pour la chasse à courre,


qu'elle tempéra toutefois d'un engagement militant en faveur de la cause animale jusqu'à ce que cette contradiction l'oblige à quitter la Société Protectrice des Animaux.

Personnage romanesque, mélange de tradition teintée d'Ancien Régime et de progressisme, voire de féminisme avant l'heure, amoureuse des arts et passionnée par la nature et la téchnologie,
Marie-Adrienne Anne Victurienne Clémentine de Rochechouart de Mortemart, duchesse d'Uzès méritait bien un respectueux salut, non ?

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