mardi 19 août 2014

Singapour, l'incroyable sécession

On parle beaucoup ces derniers temps des velléités irrédentistes de telle ou telle province d'un Etat fédéral.

Il existe dans l'histoire récente, un cas que je crois unique dans l'histoire.
Celle d'une indépendance imposée au nom de la raison d'Etat, d'une sécession contre son gré d'un territoire.

Retour en arrière : nous sommes en 1957 et la Malaisie obtient son indépendance de la Couronne Britannique.


Elle se compose de 7 sultanats continentaux, et en 1961, le Premier Ministre malais, Tunku Abdul Rahman, propose la création due fédération regroupant la Malaisie, les Etats de Sabah et Sarawak, situées sur l'île de Bornéo et jusqu'alors sous tutelle anglaise, rejoints en septembre 1963 par la Cité-Etat de Singapour, autonome depuis 1951.


Le chef du gouvernement singapourien, Lee Kuan Yew,


pourtant favorable à la Fédération de Malaysia, entre en conflit idéologique ouvert avec Abdul Rahman quant à la définition de la nationalité malaysienne.

Dirigeant d'un territoire majoritairement peuplé de chinois, il ne conçoit pas la citoyenneté du nouvel Etat comme étant conditionné à l'appartenance à la race malaise et partant à la religion musulmane.

Les incidents se multiplient sans qu'on sache réellement de quel camps proviennent les provocations.
L'ampleur des troubles conduisent Abdul Rahman à demander au Parlement d'exclure Singapour de la fédération puisque son gouvernement est incapable de loyauté envers le pouvoir central.
Début août 1965, l'expulsion de Singapour est votée par 284 voix contre zéro.

Le 9, les accords de séparation sont signés officiellement et la République de Singapour proclamée.


C'est donc pour sauvegarder la paix civile que les deux hommes d'Etat décidèrent de dissocier les destins de leurs peuples respectifs.

Mieux, la Fédération de Malaysia fut, avec l'Inde et la Chine, les parrains de Singapour pour son entrée à l'ONU.

Les exemples d'intelligence politique sont assez rares pour qu'on se permette d'en saluer un.

Aucun commentaire: