dimanche 7 août 2011

Abou el Kacem Chebbi

On a beaucoup parlé des révolutions arabes depuis le début de cette année 2011.
On le sait, tout est parti de Tunisie.
Sans doute est-il temps de découvrir le poète national de ce pays, Abou el Kacem Chebbi.
Né à Tozeur en février 1909, il voyage très tôt à travers le pays et entre à la prestigieuse université Zitouna en 1920. Ayant terminé ses études, il fréquente les cercles littéraires et publie ses premiers textes dès 1924 ! En 1929 il donne une conférence sur l'imagination poétique chez les arabes. Il y critique les anciens ce qui provoque une vague de réprobation dans tout le monde arabe.
Toutefois, ses écrits, très engagés contre le colonialisme de l'époque, restent très influencés par le romantisme.
Incompris, il meurt brutalement en octobre 1934, à seulement 25 ans.
Bien que combattu par de nombreux intellectuels de son temps, il est à l'origine du renouveau de la poésie arabe et considéré aujourd'hui comme un héros national en Tunisie.


Rêves de ma jeunesse

N’ont-ils pas, de naissance,
Une santé chétive et faible
Les rêves des jeunes hommes
Brisés comme des branches
Par les malheurs incessants
Qui tombent ainsi que la grêle ?
J’ai demandé aux ténèbres
Où avaient disparu
Les rêves de ma jeunesse
Elles m’ont répondu :
Les vents obliques les ont chassés
Les dispersant en tous sens.
Et lorsque j’ai demandé aux vents où donc ils les
Avaient emportés, ils répliquèrent :
Les torrents du destin les ont engloutis
A tout jamais
Dans les flots noirs du malheur.
Ils sont devenus poussière, fumée, néant
Tel le grain broyé dessous la meule,
Envolés sur les rivages de fièvre,
Proie des flots noirs
Où la vague affreuse, crie.

Oh, Fils de ma Mère !

Tu es né libre comme l’ombre de la brise
Et libre telle la lumière du matin dans le ciel.

Là où tu allais, tu gazouillais comme l’oiseau
Et chantais selon l’inspiration divine.

Tu jouais parmi les roses du matin
Jouissant de la lumière là où tu la voyais.
Tu marchais –à ta guise- dans les prés,
Cueillant les roses sur les collines.

Ainsi Dieu t’a conçu, fils de l’existence
Et la vie ainsi t’a jeté dans ce monde.

Pourquoi accepter la honte des chaines ?
Pourquoi baisser le front devant ceux qui t’ont enchaîné ?

Pourquoi étouffer en toi la voix puissante de la vie
alors que retentit son écho ?
Pourquoi fermer devant la lueur de l’aube tes paupières illuminées
alors qu’est douce la lueur de l’aube ?

Pourquoi te satisfaire de la vie des cavernes ?
Où donc est le chant ? Et où le doux élan ?

Aurais-tu peur de la beauté du chant céleste
Craindrais-tu la lumière de l’espace dans la plénitude du jour ?

Allons, réveille-toi, prends les chemins de la vie
Celui qui dort, la vie ne l’attend pas.

N’aie crainte, au-delà des collines,
Il n’y a que le jour dans sa parfaite éclosion.

Que le printemps commençant de la vie
Qui brode des roses dans l’ampleur de sa cape.

Que le parfum des roses matinales
La danse des rayons sur le miroir des eaux.

Il n’y a que les pigeons élégants
Qui roucoulent sans fin dans las prairies

A la lumière ! La lumière douceur et beauté.
A la lumière ! La lumière est l’ombre des Dieux

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