dimanche 30 janvier 2011

Andres Escobar

Le football est un sport, disent-ils. Rien qu'un sport.

Lors de la Coupe du Monde de Football 1994, aux Etats-Unis, de l'avis de nombreux spécialistes, l'équipe de Colombie est un des outsiders sérieux de la compétition.

Hélas, elle rate complètement son premier match de poule contre la Roumanie et s'incline 3 à 1.
Le 22 juin, elle affronte le pays organisateur, les USA.

A la 35ème minute, un joueur américain excentré fait une passe en profondeur à un coéquipier démarqué au second poteau.
Le défenseur Andres Escobar, surnommé "El Caballero de la Cancha", 50 sélections en équipe nationale colombienne et un des joueurs vedettes de l'Atletico Nacional de Medellin, tacle le ballon pour le dévier en corner.
Malheureusement, il prend son gardien, Oscar Cordoba, à contre-pied et le ballon finit au fond des filets. Un second but scellera la victoire nord américaine, en dépit d'un retour de la Colombie, 2 à 1. L'équipe sudaméricaine est éliminée dès le premier tour, avant même de disputer son dernier match !


Escobar rentre au pays avec ses coéquipiers et le 2 juillet 1994, il décide d'aller boire un verre dans un bar de Medellin, El Indio, avec sa fiancée et des amis.
Trois individus éméchés le reconnaissent et le prennent à parti. Escobar ne répond pas et quitte le bar. Les amis se séparent et alors qu'il va remonter dans sa voiture avec sa fiancée, les trois ivrognes les rejoignent et les insultes pleuvent jusqu'à ce que Humberto Munoz Castro sorte un revolver et fasse feu à 12 reprises sur le footballer en criant à chaque tir : "Gooooooool" !

Contrairement à ce que certains laisseront entendre, tant en Colombie que dans le Monde du Football en général, l'indignation est générale dans le pays et ce sont 120 000 personnes qui défileront lors des obsèques d'Andres.

Les autorités colombiennes de l'époque, corrompues au dela de toute imagination, n'ont jamais voulu reconnaitre autre chose dans ce meurtre que l'acte d'un ivrogne ayant agi seul.
A la trappe le fait que les deux autres personnes présentes sur les lieux du drame aient été les employeurs du tueur. Oublié qu'ils avaient notoirement partie liée avec les paris clandestins contrôlés par les Cartels de la drogue.
Le but contre son camps d'Escobar leur avait fait perdre beaucoup d'argent vue la cote de la Colombie au début de la compétition.
Condamné à 43 ans de prison pour son crime, Munoz Castro n'en effectua que 11 et fut libéré en 2005 pour bonne conduite.

On savait depuis le drame du Heysel que le football est une activité de barbares sanguinaires.
C'est aussi un business pourri jusqu'à la moelle qui peut, à l'occasion, appliquer la peine de mort.

Le football est un sport, disent-ils...

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