mercredi 20 mai 2009

Christian Géromet

Né à Châlon sur Saône le 20 mai 1955, décédé à Meaux le 21 mai 1991.

Employé de la Poste et poète.

Et mon compagnon pendant 6 ans !

Je me souviens encore de ce 8 mai 1985, dans le Jardin des Trinitaires, le long de la Marne, à quelques dizaines de mètres de la gare...Il faisait gris et nous nous y sommes rencontrés entre deux averses. Il m'a invité à venir prendre un thé chez lui...
Suivirent 6 années passionnantes par les rencontres que je fis grâce à lui, enrichissantes par la découverte de la poésie, de la foi aussi, même si je n'ai jamais pratiqué avec sa ferveur, tumultueuses dans la vie de couple que j'ai découvert avec lui...

Amoureux possessif et jaloux, la vie avec lui ne fût pas un long fleuve tranquille ni un chemin pavé de roses...
Heureusement, ma famille l'a accueilli comme un autre fils.

Et les années de galère liées à la maladie...
A partir de 1990, les séjours à l'hôpital furent plus nombreux que les journées à la maison jusqu'à cette nuit du 21 mai 1991, à 3 heures 17 du matin...

Persuadé depuis toujours qu'il n'aurait jamais 40 ans, son plus cher désir était de laisser une trace de son passage sur Terre.
Il a publié deux recueils de poèmes, un à compte d'auteur "Naissance" et l'autre, chez Jean Grassin, "Découverte".
Lauréat de nombreux prix et distinctions dans des concours littéraires régionaux, de Saintonge à la Côte d'Azur, en voici quelques extraits :


Renaissance

Mourir par le feu de ma sagesse
Et oublier l'infâme tristesse,
Se consumer, oh oui, sans douleur
Est, alors, d'une extrême saveur.
Mon savoir me brule lentement,
Et, en fumée, je pars doucement.
Sur mon corps, mille lueurs bleutées
Courent. L'infini n'est que beauté.
Je meurs sans peur, car ailleurs, je renais.

Repos à Saint Gengoux Le National

à Maman

Toussaint. le jour, enfin, se lève sur Jouvence.
Le brouillard s'effiloche sur le Mont Pelé.
Le soleil éclabousse d'or les maisonnées.
Au poulailler, le coq, au matin, son cri lance.

Beau temps en ce premier novembre, quelle chance !
Marthe s'active. Le chien aboie dans l'allée.
Au séchoir, les chèvres finissent de sécher.
Calme et repos, dans ce village d'espérance.

Le cimetière, blotti sur le vert coteau
De Saint Martin, respire toujours le bonheur.
Ici, la mort, bien que triste, est un honneur.

Mourir après des années de labeur, c'est beau.
Saint Gengoux, à l'automne, avec sa chaleur,
Est un havre de paix. Partir, oui, sans peur.

(note: c'est là qu'il repose, auprès de sa mère, décédée quand il avait 7 ans)

Fête

Un village blotti au creux d'une colline,
Un ruisseau fougueux au fond d'un vallon,
Une noble fontaine au milieu d'une place,
Un air de fête dans l'air calme et si serein.

Sur une épaule, une tête fort câline,
Accrochés aux chevaux de bois, de beaux ballons,
Sur un gilet mauve, une tache de glace,
Sur une joue enfantine, un gros chagrin.

La musique coule, glisse, vole, s'amuse.
Les odeurs sucrées, graisseuses, flottent, s'accrochent.
Une robe vaporeuse cache, dévoile.
Un clown danse, pleure, court, chante, gémit.

Les amoureux enlacés taquinent la Muse,
Le soir arrive lentement, le bal approche.
La jeune fille, sur ses cheveux, pose un voile.
Le manège tourne; un enfant heureux rit.

Soleil

Je bois au soleil qui de sa douce clarté
M'éclabousse, m'enveloppe de sérénité.
Il m'habille de ses mille rayons dorés.
De lumières léchantes, je suis paré.
Ses longs traits, en mon corps refroidi, pénètrent,
Et piquent de sa douce chaleur, mon être.
C'est la force vive qui m'emplit, ce matin.
L'astre de la vie luit dans le bleu de satin.
Boule de feu, éblouissante et sacrée,
De chaque jour, tu fais un royaume doré,
Resplendissant de bonheur, de joie et douceur.
Soleil, nos jours ne deviennent que langueur.

Apaiser ma peur

L'espoir de jour meilleur
N'est plus qu'un rêve fou.
La vie ne m'a donné
Que des désillusions.
Pourtant, j'espère encore.
Je ne veux pas de l'Or
De ce monde Passion,
Si meurtri, torturé.
Je désire un vent doux
Pour apaiser ma peur.

Pantoum à l'automne

Des centaines de feuilles tournoient dans le ciel.
Les chênes se déplument sous le vent sauvage.
Les cieux, contre la terre, libèrent leur fiel.
Maintenant, l'orage automnal, violent, fait rage.

Les chênes se déplument sous le vent sauvage.
Les nuages gris déversent leurs gouttes d'eau.
Maintenant, l'orage automnal, violent, fait rage.
En ce mois de novembre, l'éclair sonne faux.

Les nuages gris déversent leurs gouttes d'eau.
Les pins, leurs bras émeraude, plient sous le souffle.
En ce mois de novembre, l'éclair sonne faux.
L'hiver arrive. Il faut remettre ses moufles.

Les pins, leurs bras émeraude, plient sous le souffle.
Des centaines de feuilles tournoient dans le ciel.
L'hiver arrive. Il faut remettre ses moufles.
Les cieux, contre la terre, libèrent leur fiel.

(note : forme littéraire ancienne, le pantoum est un vrai exercice formel)

Rafraichir nos faces

Mes yeux viennent de s'ouvrir sur l'Univers.
J'ai aperçu la vie folle et décadente
De ces hommes pressés, de ces femmes démentes.
Pourtant, les fleurs embaument dans le gazon vert.

Un enfant délicat, frêle, court au travers
D'un pré aux herbes hautes. L'envie chancelante
D'un amant meurt en restant malgré tout charmante.
Les gens se font mener par leurs méchants travers.

L'espérance sera le fruit de chaque jour.
L'existence sera illuminée d'espoir,
N'oublions pas que nous sommes acteurs d'un soir.

Ne cessez point, ô démons, de crier toujours.
De la déchéance, vous sauverez la race.
D'un linge humide, nous rafraichirons nos faces.

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