samedi 25 avril 2009

Capitaines d'Avril

Au Portugal, le 25 avril 1974, vers 2 heures du matin, on entendit cette chanson sur les ondes de la Radio des Forces Armées :

"E depois de adeus" par Paulo de Carvalho.



Trois semaines plus tôt, à Brighton, cette chanson représentait le Portugal au Concours Eurovision.
Mais, en ce matin d'avril, elle entrait dans l'Histoire !
Cette diffusion était le signal pour les jeunes officiers du Mouvement des Capitaines de prendre la route, avec leurs hommes si possible, et de marcher sur différents points de la capitale et des places fortes de province.
Leur but ? Mettre un terme à la dictature instaurée par Salazar en 1926.
Leur ambition ? En finir avec les guerres coloniales et un système polique et social d'un autre âge.

Quand les points stratégiques principaux furent sous le contrôle du Mouvement des Forces Armées, conformément aux plans établis sous l'inspiration d' Otelo Sareiva de Carvalho, cette autre chanson mythique résonna sur les ondes de Radio Renascença :

"Grândola, Vila Morena" de Zeca Afonso.



En marche à travers Lisbonne, quelques soldats avisant un étal de fleuriste, décidèrent d'orner les canons des fusils et des chars avec des fleurs rouges, afin de montrer leurs intentions pacifiques et libératrices à la population civile.

La plus pacifique des révolutions devenait pour l'Histoire "la Révolution des Oeillets".

Fernando José Salgueiro Maia, jeune capitaine de 30 ans, commande un bataillon à l'Ecole militaire de Santarem.
Avec ses hommes, il contrait le Premier Ministre, Marcello Caetano, réfugié dans une caserne, à se rendre et à transmettre le pouvoir aux insurgés. Le Chef du gouvernement n'accepte de se rendre qu'au Commandant en Chef des Armées, le Général Antonio de Spinola, qui ne faisait pas partie du MFA.
Maia escorte Caetano jusqu'à l'avion qui l'emporte en exil, au Brésil.

Après la chute du régime, il refuse toute fonction gouvernementale et tout honneur.
En 1989, on lui diagnostique un cancer : en dépit de deux opérations, il succombe le 4 avril 1992.
Il n'a pas 48 ans.

En 2000, la comédienne Maria de Medeiros décide de rendre hommage à ces soldats idéalistes dans un joli film "Capitaes de Abril".
On y voit que Salgueiro Maia fut le réel maître d'oeuvre de la prise du pouvoir, sur le terrain : son habileté, son sens tactique et son courage désintéréssé ont permis d'éviter un bain de sang.

Voici un extrait de ce film : si cette scène peut paraitre invraissemblable, elle est pourtant le reflet des témoignages de ses protagonistes des deux camps...

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